Autoportrait (en cours), harmonium et réflexions sur la composition
- Ziqian Liu

- 1 oct.
- 3 min de lecture

Ce matin, j’ai passé deux heures à esquisser cette image, à partir d’une photo que j’ai prise avec mon iPhone le 29 septembre à 17h02.
Cet après-midi, je me suis rendu à l’École de musique Schulich de l’Université McGill pour assister au colloque doctoral présenté par Ninad Puranik — une intervention des plus stimulantes portant sur les défis liés à l’adaptation des instruments électroniques MIDI pour l’harmonium indien, utilisé dans la musique hindoustanie traditionnelle. Par exemple, le raga — concept central de la musique indienne — suit un ensemble de règles pour l’improvisation. L’harmonium appartient à la famille des anches libres et a été introduit en Inde pendant la période coloniale. C’est un sous-type spécifique d’aérophone, couvrant généralement de 2,5 à 4 octaves.

M. Puranik a également présenté brièvement l’harmonium inventé par l’inventeur français Alexandre Debain, qui couvre cinq octaves et qui, si ma mémoire est bonne, a été interdit en Inde pendant environ quatre décennies. Le colloque était hautement technique et mettait l’accent sur certains des défis liés à l’adaptation de l’harmonium en instrument MIDI, du point de vue de la modélisation physique et de la conception d’interface. Il a souligné les différences fondamentales entre le piano et l’harmonium, et a fait converger des notions telles que le interactive adaptive inverse filtering (IAIF), les filtres biquad, les modèles basés sur source-filtre, la vibrométrie laser Doppler (LDV), les effets internes du flux d'air ascendant et l’équation de Bernoulli, tout en défendant l’importance de préserver les gestes traditionnels du jeu instrumental. Il a posé la question de savoir si l’harmonium constitue un modus vivendi, ce que j’ai trouvé particulièrement stimulant.
En effectuant quelques recherches rapides sur l’instrument, j’ai découvert que l’harmonium indien est en réalité une adaptation du guide-chant français, qui accompagne souvent le chant choral, et qu’il s’inspire lui-même de l’instrument chinois sheng (笙). J’ai également trouvé fascinants les défis techniques que pose l’adaptation d’un instrument MIDI pour préserver l’intégrité microtonale, ainsi que la nécessité de prendre en compte les effets de désaccordage et le comportement des soufflets propre à cet aérophone.
La présentation était très technique et centrée sur l’ingénierie, mais elle m’a inspiré. Elle m’a rappelé le compositeur Louis Durey, qui était ingénieur avant de se tourner vers la composition après avoir entendu le Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. J’ai repensé à une représentation en direct de cet opéra à laquelle j’ai assisté en 2018, donnée par le Boston University Opera Institute dans le centre-ville ; elle continue de me fasciner et m’a profondément influencé. Depuis deux jours, je réécoute The Debussy Edition — un marathon de 18 heures et 23 minutes, riche en idées musicales. À l’image de Durey, j’admire profondément les compositions de Debussy. Après la conférence d’aujourd’hui, j’aspire à mieux connaître les musiques traditionnelles non occidentales, tout en respectant l’intégrité et l’héritage de compositeurs français tels que Maurice Ravel et Lili Boulanger.
Je me souviens aussi d’une vidéo de Juan Floristán — Pianist on Ravel’s G Major Piano Concerto — dans laquelle il explique que ce que Ravel faisait à l’époque, en intégrant le jazz et des musiques venues d’Extrême-Orient, est analogue à ce que les compositeurs devraient faire aujourd’hui dans le domaine de la musique électronique. En repensant à mes recherches antérieures dans l’un de mes essais vidéo, qui portait sur les frontières floues entre le design sonore et la musique au cinéma, je constate que je reviens sans cesse à ces grands compositeurs pour nourrir mon inspiration. En tant que praticien de la composition musicale, je me demande : comment devrais-je aborder la composition, et comment puis-je naviguer dans la faille entre musique populaire et traditions classiques ?



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