Romance sans paroles (Op. 21) — Louis Durey (1888–1979)
- Ziqian Liu
- il y a 3 jours
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Je suis tellement attiré par cette pièce aujourd’hui, et plus particulièrement par les quatre dernières mesures — d’abord en 2/8, puis en 3/8 — de Romance sans paroles (Op. 21) de Louis Durey.

Membre du groupe des Six, Louis Durey entretient dès les années 1910 des liens étroits avec le cercle parisien des pianistes modernes. C’est dans ce contexte qu’il dédie sa Romance sans paroles (Op. 21) au pianiste Ricardo Viñes, figure essentielle de la diffusion des œuvres de Debussy, Ravel, Satie et de leurs contemporains.
Né dans une famille de classe moyenne possédant un atelier d’imprimerie, Durey ne reçoit pas d’éducation musicale particulière et montre peu d’intérêt pour la composition dès son jeune âge. Il obtient en 1908 un diplôme d’ingénieur à l’École de Hautes Études Commerciales, mais la découverte de Pelléas et Mélisande de Debussy éveillera sa vocation pour la composition. Il prend alors des cours particuliers auprès de Léon Saint-Réquier à la Schola Cantorum et achève plusieurs de ses premières œuvres complètes avant 1914, souvent inspirées par des poèmes de Verlaine, Charles d’Orléans, Henri Régniers et Francis Jammes.
Durant la Première Guerre mondiale, Durey sert seize mois dans l’armée française et compose très peu, bien que cette expérience renforce ses convictions socialistes et communistes. À partir de 1917, le groupe de compositeurs modernistes qui deviendra Les Six se forme à Montparnasse, comprenant Arthur Honegger, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre, Darius Milhaud, Georges Auric et Durey lui-même. En 1921, il publie Carillons et Deux pièces pour piano à quatre mains, œuvres caractérisées par un style rythmique constant et dépouillé, offrant un sentiment de stabilité dans le contexte d’après-guerre.
Bien qu’il reste ami avec les membres du groupe, Durey quitte Les Six en 1922 pour divergences esthétiques. Il alterne ensuite séjours parisiens et périodes en dehors de la capitale, notamment dans une propriété familiale acquise à Saint-Tropez, où il épouse Anna Grangeon en 1929 et devient père. Pour des raisons financières, la famille retourne vivre à Paris en 1930.
Dans les années 1930, Durey s’engage politiquement en rejoignant le Parti communiste français et la Fédération Musicale Populaire, dont il devient secrétaire général de 1937 à 1956. Pendant cette période, il suspend sa composition pendant environ sept ans, se consacrant à la direction de chœurs et à des travaux musicologiques. Après la Seconde Guerre mondiale, il compose quelques musiques de film mais se concentre surtout sur des œuvres à portée politique.
Durey prend sa retraite à Saint-Tropez en 1959 et y meurt en 1979. Sa Romance sans paroles (Op. 21) reste un témoignage précieux de sa sensibilité musicale, de sa virtuosité pianistique et de son engagement artistique, reflétant l’équilibre subtil entre modernisme et lyrisme, innovation et émotion.
Article initialement publié le 28 septembre 2025.


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